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Ulysse from Bagdad - Éric Emmanuel Schmitt

Ulysse from Bagdad, raconte le voyage de Saad, un jeune Bagdadi fuyant la dictature de Saddam Hussein. Alors que Saad était promis à un avenir brillant, sa vie bascule dans l'horreur : avec la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la seconde guerre du Golfe (1990-1991) sanctionnée par le blocus américain sur le pays, Saad voit mourir ses proches les uns après les autres. Saad qui signifie "triste" ou "espoir" selon si l'on retient la traduction anglaise ou arabe, décide de braver tous les obstacles pour aller s'installer à Londres. Il espère y trouver un asile où il pourra travailler pour subvenir aux besoins de sa famille restée en Irak. Apprenti terroriste, puis transporteur d'antiquités à Bagdad, gigolo de fortune au Caire, fiancé en Sicile, accueilli en France par les partisans du combat pour les sans-papiers, Saad poursuit sans relâche un rêve qui ne cessera de l'obséder. A travers cet exil, il cherche un sens à sa vie, lui qui désormais n'est plus qu'un clandestin. Aidé durant son périple par les apparitions de son père, Saad mène un combat dont l'issue ne dépendra que de lui. De tout ce qui constitue le quotidien des clandestins : la faim, la pauvreté, les interrogatoires, les passages à tabac, l'humiliation, le racisme, rien n'est épargné au jeune homme. Pourtant la réponse à ses souffrances, se trouve en lui. Il n'appartient qu'à lui de choisir sa destinée : celle d'un Saad triste ou celle d'un Saad, qui symboliserait l'espoir...

Calquant son histoire sur certains épisodes de l'Odyssée d'Ulysse, Eric-Emmanuel Schmitt soulève au délà du thème des clandestins et de la guerre en Irak, la question de l'identité : si ce roman peut sembler banal au premier abord, j'ai trouvé qu'il abordait avec finesse, un sujet bien plus large qu'il n'y parait. Ainsi "L'homme lutte contre la peur mais, contrairement à ce qu'on répète toujours, cette peur n'est pas celle de la mort, car la peur de la mort, tout le monde ne l'éprouve pas, certains n'ayant aucune imagination, d'autres se croyant immortels, d'autres encore espérant des rencontres merveilleuses après leur trépas ; la seule peur universelle, la peur unique, celle qui conduit toutes nos pensées, c'est la peur de n'être rien. p.231 A mon sens, cette fuite, cet exil de Saad n'est que le décor nécessaire à Schmitt pour questionner son lecteur car finalement, peu importe les épreuves affrontées par le héros. Peut-être que je me trompe sur le sens donné à ce roman mais il me plait de penser que Schmitt souhaitait avant tout contextualiser sa réflexion. Il n'y a qu'à suivre les dialogues entre le fils et le père (que j'ai lus avec grand plaisir). Bien sûr, on aime ou on aime pas et l'écriture de Schmitt toujours empreinte de moralisme et de philosophie, peut agacer. Mais pour ma part, j'ai été touchée par ce roman qui a bien plus à donner que ce que l'on peut croire. J'ai trouvé le parallélisme avec les aventures d'Ulysse bien choisi et cela m'a donné envie de découvrir l'Illiade et l'Odyssée d'Homère. Peut-être est-ce un bon raccourci pour ceux qui n'aiment pas Schmitt ? Moi, ce livre m’a plu.

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Extraits


« Chez nous, les palmiers donnent le mauvais exemple. Comment le palmier pousse t-il, en effet ? Il ne s'élève vers le ciel que si on en coupe ses parties basses ; à ce prix, il grimpe et règne, majestueux, dans le ciel bleu. Chaque souverain arabe se prend pour un palmier ; afin de se dresser et de se développer, il se coupe du peuple, s'en détache, s'en éloigne. Le palmier favorise le despotisme. » p.27


« Si je résume la différence entre nous deux, fils, moi je suis un optimiste qui dit "demain" et toi tu es un optimiste qui dit "là-bas". Tu as l'optimisme déployé dans l'espace alors que moi je l'ai planté dans le temps.- Ne minimise pas la distance entre ton attitude et la mienne. Ton optimisme sédentaire, c’est le fatalisme.- Et ton optimisme nomade, c'est la lâcheté de la fuite." p.74


«  Fils, tu ne discutes pas avec un terroriste, tu prêtes l'oreille en approuvant de la tête. D’ailleurs, ça ne dialogue pas, un terroriste, ça monologue. » p.86


« Écoute l'ami, dans l'espèce humaine, il n'y a que deux sortes d'hommes : ceux qui s'en veulent et ceux qui en veulent aux autres. Toi, tu appartiens aux premiers ; tu fonces et tu ne t'en prends qu'à toi même si tu échoues. Moi, par malheur, je grossis le troupeau des derniers, les hommes du ressentiment, ceux qui critiquent la Terre entière. Je cause beaucoup mais j’agis peu. »  p.209


« Papa, qui sont les barbares ? Ceux qu'on estime inférieurs ? Ou ceux qui s’estiment supérieurs ? »


« Car les hommes tentent, pour oublier le vide, de se donner de la consistance, de croire qu'ils appartiennent pour des raisons profondes, immuables, à une langue, une nation, une région, une race, une morale, une histoire, une idéologie, une religion. (...) Les identités qu'il (l'homme) cumule et qui lui accordent de la densité, il sait au fond de lui qu'il s'est borné à les recevoir, puis à les transmettre. Il n’est que le sable qu’on a versé en lui ; de lui-même il n’est rien. » p.232


« Pour établir une fratrie, il faut décider qui en fait partie. En circonscrivant un ensemble d'êtres solidaires qui s'entraideront quoi qu'il arrive, il faut aussi désigner ceux qui seront tenus à l'écart et n'y appartiendront pas. Bref, il faut tracer des limites. Dès que tu dis "fraternité", tu contredis "égalité", les deux termes s'annulent ! On en revient toujours là : à la frontière. Il n’y a pas de sociétés sans un tracé de frontière. » p.242


Épigraphe :


Il n'y a d'étranger que ce qui n'est pas humain. Jean Giraudoux. Elpenor


Détails bibliographiques


  • Titre : Ulysse from Bagdad
  • Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
  • Editions : Livre de poche
  • Date de parution : Septembre 2010 (2008 chez Albin Michel pour première parution)
  • Nombre de pages : 280 p.
  • Couverture : Johannes Grau / Plainpicture / Stockwerk

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